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L’IA : une opportunité pour les photographes professionnels

Technologie. L’IA fait déjà partie des moyens dont disposent les photographes afin de traiter leurs images.

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Photographe et logiciel de photographie
(Crédit : Freepik)

Il y a quelques semaines, l’artiste allemand Boris Eldagsen a décliné la récompense que venait de lui décerner les Sony World Photography Awards. L’oeuvre pour laquelle il avait été primé était générée entièrement par l’intelligence artificielle, ce que le jury ignorait… Boris Eldagsen a déclaré avoir délibérément pris cette initiative afin de provoquer un débat sur l’IA. Ce débat est nécessaire : il est actuellement mené au sein de la Fédération Française de la Photographie et des Métiers de l’Image (FFPMI), et renvoie finalement à des problématiques assez classiques et, pour certaines, anciennes.

Faut-il avoir peur de l’IA ? Assurément pas. Outil utilisé par une machine afin de « reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité » (définition du Parlement Européen), l’IA fait déjà partie des moyens dont disposent les photographes afin de traiter leurs images. Il est par exemple possible, sur Photoshop, de modifier la texture de la peau d’un sujet.

Techniquement, l’IA permet d’agrandir un décor ou des surfaces, là encore dans le but d’effectuer des retouches. Elle va encore un peu plus loin dès lors qu’elle offre la possibilité d’harmoniser le rendu d’une image, à l’échelle de l’ensemble d’un reportage photos par exemple. In fine, l’IA permet aux photographes professionnels d’aller plus vite, et donne de nouvelles possibilités créatives aux photographes amateurs.

Elle n’est donc absolument pas à re douter, au contraire même : elle offre de nouvelles possibilités, dans la droite ligne des innombrables progrès technologiques qui, depuis l’apparition de la photographie au XIXe siècle, jalonnent l’histoire de cet art.

L’IA n’est pas dangereuse. Au contraire, elle est intéressante dans la mesure où elle nous permet de préciser de nouveau ce qu’est la photographie. En l’espèce, la définition du Robert est à méditer : la photographie y est détaillée comme étant « un procédé technique permettant d’obtenir l’image durable des objets, par l’action de la lumière sur une surface sensible ».

La photo, c’est exactement cela : la capture de l’instantané et de la lumière. Il y a là une partie créative et expériencielle. Au-delà de l’image elle-même, un cliché relève d’un moment, d’une sensibilité du réel dont le photographe témoigne. Le regard, les compétences du photographe, son propos : ceci est irremplaçable, et dans un tel contexte l’intelligence artificielle permet simplement d’affiner l’existant.

Les retouches qui sont ainsi effectuées relèvent d’une problématique ancienne : Robert Doisneau lui-même avait recours à des retoucheurs qui exposaient différemment certaines parties de ses images. Est-ce pour autant que son témoignage, son regard, l’expérience humaine qu’il nous propose à travers son oeuvre est travestie ? Mais allons un peu plus loin encore dans le débat, et évoquons très directement une autre des questions actuellement posée par l’essor de l’IA : la « fake news », ou plus exactement la fausse image. De quoi est-il question ici ?

Tout simplement d’une image dont le sens serait travesti délibérément, une image qui n’aurait plus aucun lien avec la réalité dont elle est issue. Là encore, ce débat n’est pas nouveau, et l’on peut même affirmer que les premiers trucages photographiques sont contemporains de l’apparition de la photographie elle-même. En 1860, peu de temps après l’apparition du négatif, une photo d’Abraham Lincoln est manipulée : sa tête est apposée sur le corps d’un autre homme politique, John Calhoun.

Et nous ne parlons pas ici des réseaux sociaux ! La véritable question est donc ailleurs, particulièrement dans l’usage qui est fait de la technologie, dans l’éthique et la transparence, voire dans le rôle de certaines institutions en temps troubles... Telle qu’elle se dessine aujourd’hui, l’IA offre de grandes possibilités aux photographes que nous sommes, et dont la FFPMI défend les intérêts.

Elle constitue un outil qui, chaque jour ou presque, permet de nouvelles facilités et qui amènera des évolutions au sein de la corporation des photographes. Il semble ainsi à peu près établi que l’IA rendra relativement obsolète la photo d’illustration en général… tout comme il semble établi qu’elle amènera les professionnels de la photographie à se former de plus en plus, afin de tirer le meilleur parti des nouvelles possibilités techniques qui s’offrent à eux.

Quant à Boris Eldagsen, il est clair que son refus du prix est motivé pour de bonnes raisons : l’image qu’il a en effet produite relève d’une IA générative, créée à partir de rien. Ce n’est donc en aucun cas de la photographie…