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La filière textile française demande que le remboursement Sécurité sociale des protections hygiéniques réutilisables soit appliqué uniquement aux produits fabriqués en France

Textile. Cette demande est importante parce que nous pensons que l’argent des contribuables doit être utilisé pour servir les intérêts de notre économie nationale et soutenir la réindustrialisation de toute la filière textile sur nos territoires.

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Photo de serviettes hygiéniques
(Crédit : DR)

La Première Ministre, Élisabeth Borne, a annoncé personnellement le 6 mars dernier le remboursement par la Sécurité Sociale des protections hygiéniques réutilisables à destination des femmes de moins de 25 ans, dans les pharmacies, et à compter de janvier 2024.

Nous saluons cette mesure car elle répond à la fois à l’enjeu croissant de la précarité menstruelle chez les jeunes femmes, et celui de la sensibilisation à l’adoption de solutions saines et écologiques.

Suite à un premier courrier envoyé au Cabinet de la Première Ministre par les entreprises Les Mouettes Vertes et Lemahieu conjointement avec l’association Façon de Faire (le collectif engagé du Fabriqué en France, durable et responsable), plus de 85 acteurs engagés de la filière textile française ont rejoint le mouvement pour signer cette tribune afin de demander que la mesure prévoyant le remboursement Sécurité Sociale des culottes menstruelles et protections hygiéniques réutilisables soit appliquée aux produits fabriqués en France.

Cette demande est importante parce que nous pensons que l’argent des contribuables doit être utilisé pour servir les intérêts de notre économie nationale et soutenir la réindustrialisation de toute la filière textile sur nos territoires.

Si la mesure de remboursement Sécurité Sociale s’appliquait uniquement aux culottes menstruelles et protections réutilisables fabriquées en France, cela contribuerait directement à la création de nombreux emplois dans la filière textile française qui a été décimée par des décennies de délocalisation.

C’est d’autant plus important que la production locale est aujourd’hui en fort déclin face à la concurrence qu’exercent les entreprises d’envergure mondiale qui fabriquent dans des pays à bas coût.

Pays qui soulèvent régulièrement des interrogations quant aux conditions de travail imposées, à la non prise en compte réelle de l’urgence environnementale ou à leurs ambitions internationales ou géopolitiques (Chine, Inde).

Dans chaque région de France de nombreux emplois sont concernés et menacés actuellement car la bonne dynamique de relocalisation responsable amorcée lors du Covid a été vite balayée par la guerre des prix.

De plus, nous souhaitons que le remboursement des protections hygiéniques lavables ne puisse s’appliquer qu’à des produits performants, sains et à moindre impact environnemental (une culotte en coton biologique produite localement émet deux fois moins de CO2).

A défaut, cette mesure profitera en très grande majorité à des entreprises étrangères qui ont la capacité de proposer des culottes menstruelles sans garantie sur leur impact sanitaire, social ou environnemental, ce qui se traduit par un prix inférieur.

Elle conduirait également à alimenter notre dépendance à leur égard et mettrait à mal notre souveraineté nationale, comme cela a déjà pu être constaté pour les médicaments ou les masques pendant la crise du Covid.

Il est indispensable que des entreprises françaises qui s’engagent à relever les défis de la réindustrialisation, de l’emploi dans nos régions et de l’impact environnemental ne subissent pas une concurrence frontale avec des entreprises étrangères moins-disantes. Dans le cas contraire, les initiatives vertueuses se tariront bien vite, et l’impératif économique prévaudra, creusant les problèmes de souveraineté, de manque d’emplois industriels et amplifiant les désastres écologiques.

Pour encadrer le remboursement Sécurité Sociale et offrir ainsi un maximum de transparence et de garantie sur les produits proposés à toutes les jeunes filles et femmes de France qui utiliseront demain ces protections hygiéniques réutilisables et ces culottes menstruelles, nous proposons de co-construire avec les différentes parties prenantes un cahier des charges qui contraindra au respect :

  • de critères de garantie sur la qualité, innocuité et écoresponsabilité des composants utilisés
  • de critères environnementaux et sociaux stricts qui privilégieront de fait la fabrication sur nos territoires.

Cette mesure positive ainsi encadrée permettra à la fois d’aider les femmes les plus vulnérables, d’engager des changements d’usage vers plus d’écologie et de promouvoir le Fabriqué en France, durable et responsable. Il est urgent d’agir.

Nous sommes prêts à échanger et travailler dès demain pour que la mise en application de la mesure puisse se faire dans les meilleures conditions au service des citoyennes et citoyens Français.