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Réinventer l’espace de travail est devenu une nécessité

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Le nouveau protocole sanitaire en entreprise, entré en vigueur le 9 juin, va permettre aux entreprises d’ouvrir peu à peu leurs portes à leurs collaborateurs, après une année de télétravail généralisé. Pour autant le retour à « la vie d’avant » est-il possible ? Le bureau est-il victime d’une mort annoncée ? « Le bureau doit se réinventer », nuance le collectif d’architectes Studios Architecture, pour « attirer le nomade du futur dont les habitudes de travail ont radicalement changé, bousculées par le digital, la mobilité qu’il rend possible, et les nouvelles attentes en matière de services ». Trois tendances de fond qui ont été considérablement accélérées par la crise sanitaire et qui annoncent la révolution du marché de l’immobilier de bureau.

Faire du bureau une destination sociale inclusive et qui favorise le bien-être

Chacun s’accorde sur ce que la crise a enlevé de plus précieux : le lien social et vital qui nourrit le quotidien des collaborateurs en entreprise. Le bureau accorde aussi une place égale à chacun, quand la crise a aussi révélé les inégalités face aux conditions de télétravail.
Dès lors, l’immeuble de bureau ne peut plus se contenter d’empiler des espaces de travail. Il doit devenir un lieu vivant, avec une diversité d’usages, et inclusif.
« En cette période de retour au bureau, l’entreprise est face au défi de l’amertume des « cols blancs » qui retourneraient s’emmurer dans des tours. Aujourd’hui le bureau doit être attentif aux individus et à leurs besoins, en leur offrant tout d’abord des espaces de concentration aussi calmes et confortables qu’à la maison, comme une bibliothèque ou des bureaux privatifs et fermés aux côtés des open space », souligne Alexandra Villegas, architecte associée senior chez Studios.
Le bureau doit aussi proposer une diversité d’expériences qui redonnent envie de venir sur le lieu de travail : des cafés et des restaurants pour partager, un atrium pour fédérer, des terrasses ou un potager sur les toits pour se reconnecter à la nature…
L’immeuble doit encourager l’exploration pour que chacun puisse se réapproprier les lieux.
« L’immeuble ne doit pas écraser ses usagers mais bien au contraire favoriser leur bien-être et leur épanouissement. Il doit être pensé à échelle humaine, avec une nouvelle horizontalité dans les espaces et le rapport entre les collaborateurs. L’inclusion dans l‘architecture est une évolution que nous accompagnons depuis
20 ans aux États-Unis pour faire du bureau un espace d’égalité sociale. Le mouvement est en marche en France », ajoute Alexandra Villegas.

Immobilier de bureau : vers un nouveau modèle recentré sur les usages et leur flexibilité

La réduction du volume d’espaces de travail est une évolution naturelle face à la généralisation du télétravail. Elle va de pair avec l’hybridation des espaces pour opérer le bon mix entre lieu de productivité, individuelle et collective, et espaces de vie sociale.

« Mais attention à ne pas raisonner seulement en mètres carrés, souligne Sophie Henley-Price, associée senior chez Studios. Il faut penser usages, avec une étude approfondie des besoins des individus et leur évolution sur les 10 prochaines années ».

Moins et mieux, tel est le nouveau modèle qui semble se dessiner pour l’immobilier de bureau. Mais pas seulement, car les mutations actuelles apportent aussi leur lot d’opportunités. Le développement de nouveaux services ouverts aux publics, comme des restaurants, des ERP, des centres de formation, est une tendance de fond pour reconnecter l’immeuble à la ville.
« Ce que l’investisseur perd en loyer, il va le gagner sur de nouveaux modèles économiques de services », précise Sophie Henley-Price.