Best of 2025 : retour sur les temps forts du mois de juillet
Bilan. Au moment de basculer dans une nouvelle année, la Gazette du Midi fait un arrêt sur image et passe en mode rétrospective du 22 décembre au 2 janvier. L’occasion de faire un focus sur les actualités marquantes de ces douze derniers mois, avec une sélection nécessairement subjective, mais on l’espère représentative du tissu économique local. Avec pour chaque mois, un coup de projecteur mis sur une entreprise de la région, une start-up innovante et enfin, une actualité forte côté collectivités.
L’entreprise du mois : Cemoi
En 2024, le cacao s’échangeait à prix d’or : entre 8 000 et 12 000 dollars la tonne. Cette année, la conjoncture est autre avec une tonne à 5 000 $. Depuis le mois de mai dernier, les prix ont chuté de 18 %. En cause, la diminution de la demande des fabricants, qui innovent et proposent d’autres produits, en plus d’une production plus importante cette année, notamment en Côte d’Ivoire. À Perpignan, les prix record de l’année précédente ont poussé le chocolatier Cémoi à investir 40 M€ entre 2025 et 2027 dans la modernisation de ses usines.
Soutenu par sa maison mère, le groupe belge Baronie, l’acteur majeur de l’industrie du chocolat en France et à l’international avec 760 M€ de chiffre d’affaires, souhaite renforcer sa compétitivité et pérenniser son activité de producteur de chocolat à marque de distributeur (MDD). Dans le détail, l’entreprise entend allouer 10 M€ jusqu’en 2026 à l’installation de nouvelles lignes de production sur le site historique du groupe à Perpignan, qui emploie à lui seul 250 des 3 500 collaborateurs de la marque.
L’usine, qui produit 300 millions de tablettes par an à destination du marché européen, s’équipe notamment d’une ligne dernière génération, dédiée à la fabrication de palets et de gouttes de chocolat destinés au marché industriel, pour un investissement de 7 M€.
Trois autres des neuf usines françaises de Cémoi bénéficient de ce plan. À Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord, 2,6 M€ sont investis pour faire du site un lieu d’excellence dédié à la fabrication de guimauve. L’usine de Tinchebray, en Normandie, qui fabrique des produits pour les professionnels ainsi que des tablettes haut de gamme, jouit d’un budget de 3 M€ pour moderniser ses lignes de production et celle de Chambéry mobilise 1,5 M€.
Engagée depuis longtemps dans une démarche RSE, Cémoi veut investir dans la traçabilité et dans la réduction de l’empreinte carbone de ses produits. L’entreprise actuellement dirigée par Patrick Collin, va particulièrement « renforcer ses flux d’approvisionnement maritimes, depuis les terminaux fruitiers d’Abidjan en Côte d’Ivoire jusqu’à Port-Vendres, dans les Pyrénées-Orientales, à proximité directe de son site de fabrication de Perpignan ».
En cours depuis 2023, cette initiative représente plusieurs milliers de tonnes de cacao à destination de ses usines de Perpignan et Bègles. D’ici 2030, cette nouvelle route devrait représenter l’intégralité des flux cacao vers ces deux structures, soit près de 20 000 tonnes.
Les start-up du mois : Aerotec & Concept et Positive Aviation
La France a enregistré l’été dernier 15 000 départs de feux sur une surface de 36 000 hectares de végétation, selon l’Office français de la biodiversité. Le record des 66 000 hectares de 2022 n’a pas été dépassé. Mais la tendance est à la hausse chaque année, avec des étés toujours plus chauds et secs.
Pour lutter contre les incendies, le pays dispose d’une douzaine de Canadair, huit Dash auxquels s’ajoutent trois Beechcraft dédiés à la reconnaissance et 37 hélicoptères, une flotte dans un état vieillissant, selon un rapport parlementaire datant du 2 juillet dernier.
Alors, la relève pourrait bien venir de Toulouse, avec des projets comme ce kit de largage qu’Airbusinstalle sur ses avions de transport militaire A400M. Ou, la conversion de l’avion régional à hélice ATR72 en bombardier d’eau. Ce dernier projet consiste à modifier des avions commerciaux et les équiper avec un dispositif à pression assistée de largage baptisé « KIOS », qui permet de répandre le produit (eau ou retardant) au sol de manière plus uniforme et plus efficace.
Un projet d’ampleur porté par le parisien Kepplair Evolution en collaboration avec le toulousain Aerotec & Concept. Fort d’un chiffre d’affaires de 18 M€, ce dernier en charge de l’aspect technique : la modification de l’appareil pour qu’il puisse emporter à son bord le dispositif.
Ainsi modifié, le bimoteur sera capable de larguer 7,5 tonnes d’eau. Si ce projet a été retenu par la sécurité civile, c’est aussi parce que les avions sont modulables : outre la lutte contre les incendies, il pourra aussi servir pour le transport de fret ou pour des rapatriements sanitaires, des missions également menées par ce service de l’État.
D’ici 2030, Kepplair Evolution et sa dizaine de collaborateurs, souhaitent équiper 300 appareils dans le monde, pour un montant de 10,6 Mds€. L’entreprise parisienne a d’ailleurs levé 3 M€ de fonds en juillet dernier afin d’équiper un premier avion pour en faire la démonstration, et prévoit une mise en service en 2027.
Mais, la révolution de l’ATR72 intéresse d’autres acteurs. À l’image de la start-up toulousaine Positive Aviation, dirigée par Laurent Schmitt, un ancien d’Airbus, qui prévoit de transformer l’appareil de transport régional en appareil amphibie écopeur, capable d’embarquer 8 000 litres d’eau en remplissant ses réservoirs à la surface des plans d’eau. Le projet, baptisé « FF72 » pourrait obtenir sa certification fin 2028, tandis que l’américain Bridger Aerospace a déjà commandé 10 appareils, et pourrait en commander 10 de plus, représentant un CA potentiel de 700 M€.
La jeune pousse toulousaine a par ailleurs réalisé en mai dernier une levée de fonds de 8 M€ et réalise actuellement un tour de table sur la plateforme de financement participatif Wiseed. Sur les 1,75 M€ visés, la start-up a déjà récolté 1,4 M€.
L’actualité de la collectivité : le conservatoire de Toulouse en danger ?
La situation ne va pas en s’arrangeant au Conservatoire à rayonnement régional de Toulouse. Sous le coup d’une coupe de 600 K€ dans son budget cette année (14 M€ en 2024), l’institution, par laquelle sont passés l’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent, le pianiste Bertrand Chamayou, et les rappeurs Bigflo et Oli, a dû en 2025 faire avec des postes non remplacés, en plus d’un bâtiment négligé et d’heure de cours en baisse.
Pourtant, la structure qui emploie plus de 180 professeurs et 65 agents administratifs et de maintenance, finance 50 % de l’offre culturelle locale grâce à ses recettes et par le biais de subventions aux associations, aux écoles et autres théâtres. Un coup dur d’autant plus qu’à Toulouse, le conseil municipal avait déjà voté une baisse de 40 % des subventions aux associations culturelles dans le cadre du budget 2025, ce qui n’avait pas manqué de faire bondir les acteurs concernés.
Si les enveloppes allouées aux collectivités n’ont pas encore été dévoilées, le projet de loi finance de l’État, en discussion à l’Assemblée nationale en ce mois de décembre, prévoit de réduire le budget de la culture, passant de 4,45 Mds€ en 2025 à 4,2 Mds€ en 2026. Les conséquences pourraient se faire sentir sur le terrain, notamment au sein de l’établissement toulousain qui forme chaque année 2 000 élèves, dont 1 900 en section musique et 100 en danse et dramaturgie.
L’association des parents d’élèves a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme en janvier dernier, avec la publication de la pétition « Sauvez le Conservatoire », accompagnée d’une lettre ouverte adressée au maire de la Ville rose, Jean-Luc Moudenc. L’association y fait état de la détérioration des enseignements. « Aujourd’hui, l’ensemble des recrutements de professeurs est gelé : les enseignants absents ne sont pas remplacés », alertent-ils.
Même constat pour Alexia Rutschlé, professeure de solfège et représentante du Syndicat national des enseignants et artistes, qui s’était confiée à nos confrères de La Dépêche du Midi : « Alors que des postes manquent, on nous demande d’accueillir des élèves sans nous en donner les moyens. » Ampoules non remplacées, manque de papier hygiénique, l’enseignante explique même que « certains professeurs passent le balai avant leur leçon, tant il devient honteux d’accueillir des enfants dans de telles conditions ».
De son côté, Nicole Yardeni, élue à la mairie de Toulouse en charge des relations avec les acteurs culturels, du conservatoire, mais aussi de l’Institut supérieur des arts de Toulouse (Isdat) a tenu à rappeler que le budget de l’établissement était « financé à plus de 90 % par la mairie ». L’élue a enfin tempéré : « C’est une situation, certes moins confortable, mais le conservatoire peut largement fonctionner dans ces conditions. » En juillet 2025, son directeur Christophe Millet a ouvert deux postes de professeurs de trompette et de flûte traversière. Un pas en avant bienvenu, même si trois autres postes d’enseignant restent encore à pourvoir.