Best of 2025 : retour sur les temps forts du mois de mai
Bilan. Au moment de basculer dans une nouvelle année, la Gazette du Midi fait un arrêt sur image et passe en mode rétrospective du 22 décembre au 2 janvier. L’occasion de faire un focus sur les actualités marquantes de ces douze derniers mois, avec une sélection nécessairement subjective, mais on l’espère représentative du tissu économique local. Avec pour chaque mois, un coup de projecteur mis sur une entreprise de la région, une start-up innovante et enfin, une actualité forte côté collectivités.
L’entreprise du mois : le Mouton Givré
Après une année 2024 en dent de scie, marquée par une baisse de la trésorerie et des tensions sur les approvisionnements, Le Mouton givré a fait sa mue en 2025. Installée à Cambes dans le Lot, la PME s’est fait un nom en fabricant des sacs isothermes durables à partir de matériaux 100 % naturels destinés aux particuliers à base de laine de brebis caussenarde, de lin et de chanvre, un combo au fort potentiel isolant. Une manière pour ses fondatrices Cinthia Born et Élodie Madebos de soutenir les producteurs locaux dont les stocks ont tendance à s’accumuler.
Elles proposent en effet un modèle circulaire et surtout rémunérateur avec un kilo de laine payé 1 € contre 5 centimes sur le marché. Chaque année, près de quatre tonnes de laine sont ainsi achetées à prix équitable auprès d’éleveurs situés à 20 kilomètres autour de l’atelier. Innovante, l’entreprise a très rapidement séduit les consommateurs mais aussi de grands groupes comme le spécialiste du surgelé Maison Thiriet, et encore Drappier, célèbre producteur de champagne pour lesquels elle a fabriqué des modèles sur mesure.
Confrontée à une baisse d’activité, la société s’est engagée dans une logique de diversification, en produisant des sacs à dos, des cabas, des housses à couverts, des semelles en laine, et a créé sa manique de cuisine pour barbecue. Actuellement, elle travaille à la conception d’une trousse de toilette et d’un pouf design sans polystyrène. Un pari réussi qui incite les deux entreprises à poursuivre cette stratégie en se tournant cette fois-ci vers le secteur du bâtiment.
La TPE lotoise réfléchit en effet à un projet d’isolant thermique pour l’habitat, toujours à base de laine de brebis caussenarde. « Ce matériau présente un fort potentiel en termes de volume, et demande peu de transformation », affirme Cinthia Born. Encore à l’étude, le projet viserait le marché de la maison individuelle. Si ce positionnement porte ses fruits, il nécessitera des recrutements et l’implication de nouveaux éleveurs. Le lancement est prévu pour le printemps 2026.
La start-up du mois : WeMet
150 000 utilisateurs et une levée de fonds d’1 M€ auprès de 19 business angels, dont des experts en cybersécurité et en stratégie d’entreprise. La start-up WeMet s’est bien imposée sur le devant de la scène en 2025, avec sa carte de visite connectée. Fondée en 2021 par Samuel Dassa et Hannah Temam, la worktech toulousaine a mis au point une « smart-card » qui permet grâce à une simple puce NFC de partager sur le téléphone de son interlocuteur ses coordonnées, son CV, son agenda, ses liens professionnels style LinkedIn, des plaquettes PDF… Bref, une mine d’informations quoi peuvent être mises à jouir en temps réel via une plateforme de gestion.
La pépite, qui revendique 1,5 M€ de chiffre d’affaires avec une croissance de 80 %, emploie 12 salariés et est présente dans 33 pays avec 30 000 entreprises équipées. Née dans le contexte post-Covid, la PME s’inscrit dans une double dynamique : celle du sans contact généralisé et de la prise de conscience écologique.
Sur les 10 milliards de cartes de visite en papier imprimées chaque année à travers le monde, soit 27 millions par jour, près de 9 sur 10 finissent à la poubelle dans les deux semaines après leur échange. WeMet propose une solution : des cartes conçues à Toulouse à partir de PVC recyclé ou de bois upcyclé, avec des encres UV à faible impact. Un support unique pour des centaines d’usages, réduisant ainsi le gaspillage de papier et l’empreinte carbone.
De quoi séduire un certain nombre d’indépendants, mais aussi de grandes entreprises parmi lesquelles le groupe Accor, la SNCF, Veolia ou encore Pierre Fabre, « premier grand compte à nous avoir fait confiance », rappelle Samuel Dassa. Cette augmentation du capital doit permettre à la PME de recruter des commerciaux pour augmenter sa force de vente et de poursuivre ses efforts en R&D afin de proposer un « produit toujours plus novateur et avec plus de fonctionnalités », auquel doit s’ajouter le service wMail, une signature de mail connectée.
La start-up vise désormais à se développer à l’international, en ciblant en priorité les marchés européens sensibles aux enjeux de sobriété numérique et de sécurité des données. « Cet élargissement s’accompagne d’ambitions chiffrées : atteindre 70 000 entreprises clientes dès 2027, contre 30 000 aujourd’hui et tripler le nombre d’utilisateurs à horizon 2030, soit plus de 450 000 », conclut son cofondateur qui vise les 15 M€ de chiffre d’affaires d’ici 2028.
L’action de la collectivité : la réouverture de ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon
La ligne n’avait pas vu passer de train depuis 10 ans. Le 22 juin dernier, les voies qui relient Montréjeau à Luchon en 35 minutes ont repris du service. Quelques mois avant, le 25 avril, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie était à Bagnères-de-Luchon pour inaugurer la nouvelle gare ferroviaire. Promise par la collectivité lors des États généraux du rail en 2016, la rénovation de ce bâtiment historique a duré 11 mois, de mars 2024 à janvier 2025, et coûté 2 M€.
Au-delà de la réhabilitation de la gare, les travaux ont concerné les 36 km de voies. Installation de plusieurs passages à niveau, sécurisation des existants, remise en état d’ouvrages (d’art, hydrauliques ou en terre), confortement de parois rocheuses ou encore pose d’équipements de signalisation et de télécommunication, le projet a nécessité un investissement de 67 M€ par la Région. Un choix coûteux, mais pleinement assumé par Carole Delga qui a fait du ferroviaire, et plus largement des mobilités décarbonées, un des grands enjeux de sa politique territoriale, notamment pour lutter contre le désenclavement.
« Rouvrir cette ligne, c’est une fierté à la fois pour le Comminges et pour toute notre région. Parce qu’en Occitanie, nous refusons les injustices territoriales et donnons la priorité au ferroviaire là où c’est possible », a ainsi déclaré l’élue socialiste. La ligne Montréjeau-Luchon est en effet la deuxième a être relancée sur le territoire après celle reliant Pont-Saint-Esprit à Nîmes réouverte en 2022. En France, seules trois lignes de proximité ont ainsi été remises en service ces dernières années.
Derrière le pari de cette nouvelle ligne, l’ambition est aussi de booster le tourisme thermale et les activités hivernales. Avec près de 5 300 curistes conventionnés accueillis aux thermes de Luchon en 2023 pour une région qui en accueille de l’ordre de 144 000 avec des retombées économiques estimées à 230 M€ selon la CCI, l’enjeu est de taille. La collectivité annonce d’ailleurs un partenariat direct avec les thermes de la commune, et mettra en place, dès septembre prochain, une offre combinée « Train liO + accès deux heures à l’espace thermoludique », au départ de Toulouse et destinée aux touristes comme aux habitants du territoire.
Proposant six allers-retours quotidiens, et des billets à partir d’un euro, « la ligne permettra également aux travailleurs, étudiants ou simples voyageurs de se rendre toute la semaine à Toulouse et Pau, où des correspondances seront possibles avec les TGV, les trains d’équilibre du territoire (TET) et ceux de nuit », souligne Carole Delga. L’intéressée s’est félicitée début octobre du premier bilan de la ligne avec 30 000 voyageurs depuis sa réouverture. À terme, la collectivité vise 60 000 déplacements par an.