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Best of 2025 : retour sur les temps forts du mois de mars

Bilan. Au moment de basculer dans une nouvelle année, la Gazette du Midi fait un arrêt sur image et passe en mode rétrospective du 22 décembre au 2 janvier. L’occasion de faire un focus sur les actualités marquantes de ces douze derniers mois, avec une sélection nécessairement subjective, mais on l’espère représentative du tissu économique local. Avec pour chaque mois, un coup de projecteur mis sur une entreprise de la région, une start-up innovante et enfin, une actualité forte côté collectivités.

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Dans le Square du Cardinal Jules Gerauo Saliège, un sapin de Noël vient illuminer la façade de la Cathédrale Saint-Étienne. (©Gazette du Midi)

L’entreprise du mois : Consign’Up

Voilà cinq ans que la loi anti-gaspillage et pour l’économie circulaire (Agec) a été votée. Avec 2,5 millions de tonnes de verre collectées en France chaque année, l’entreprise Consign’Up tire son épingle du jeu. La coopérative toulousaine née d’une initiative citoyenne a réalisé en mars 2025 une levée de fonds de 100 K€ ouverte au grand public, en partenariat avec l’Union régionale de Scop Occitanie Pyrénées (Urscop).

L’équipe opérationnelle de la coopérative : Jodie Martin, directrice opérationnelle, Antonin Rivoal, responsable développement commercial, Charlotte Rabinovitch, responsable technique, Cloé David, responsable logistqiue et recherche de financements, Noémie Delprat chargée de communication et Emma Amitrano, chargée de projet qualité et process industriel. (©Consign’Up)

Ce tour de table fait suite à l’inauguration en novembre 2024 de sa station industrielle située à Portet-sur-Garonne dans l’agglomération du Muretain. Le bâtiment de 700 m2 dispose d’une laveuse capable de traiter plus de 3 000 bouteilles par heure, avec une capacité annuelle de lavage à terme de six millions d’unité. Pour l’heure, la coopérative qui compte 100 membres dont cinq personnes dans l’équipe opérationnelle, vise l’objectif de 550 000 contenants traités en 2025. Les bouteilles propres sont ensuite revendues à une cinquantaine de producteurs de bière, jus, lait et vin.

Un changement d’échelle significatif pour la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) qui jusqu’ici sous-traitait cette étape. Pour gagner en autonomie et améliorer l’efficacité de son processus de lavage, elle a investi plus de 400 K€ dans ce nouvel outil industriel. Un investissement important rendu possible par une première levée de fonds de 620 K€ clôturée en mars 2023 avec le soutien de la Région Occitanie et de l’Ademe, le bras armé de l’État pour la transition écologique.

Jodie Martin, directrice opérationnelle, explique que Consign’Up aide « les producteurs locaux à comprendre le fonctionnement de la filière de réemploi, leur indique quelles bouteilles utiliser pour qu’elles soient réemployables ». La coopérative s’appuie sur un réseau de partenaires logistiques pour assurer la collecte d’un maximum de contenants auprès des producteurs et des points de collectes (magasins spécialisés, épiceries, etc.).

Déjà présent dans l’Aude, l’Ariège, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées, le Gers, le Lot, le Tarn et le Tarn-et-Garonne, Consigne’Up veut profiter de ce nouvel apport financier pour élargir son champ d’action à d’autres départements. La SCIC souhaite également diversifier le type de contenants traités. « L’idée est par exemple de pouvoir laver des contenants plus petits, comme les bouteilles de 33 cl et potentiellement des bocaux », conclut Jodie Martin.

La start-up du mois : Sobra

Alors que la France s’est engagée dans une politique ambitieuse de valorisation des déchets notamment issus du BTP d’ici à 2035, Toulouse Métropole, elle, a lancé en 2021 son projet Waste2built afin de réduire de 20 % l’impact du secteur dans la consommation de ressources et la production de déchets. Pour répondre à ces enjeux sociaux et environnementaux, la start-up toulousaine Sobra reconditionne des matériaux issus de la déconstruction pour qu’ils puissent être utilisés dans de nouveaux projets.

Grace à un système de QR code, l’entreprise toulousaine Sobra agit sur la traçabilité des matériaux issus de le déconstruction. Avec cet outil, la start-up compte démocratiser le réemploi et contribuer à la décarbonation du secteur du BTP. (© Caroline Fabre)

La TPE aux 350 K€ de chiffre d’affaires a annoncé en mars 2025 l’ouverture de son atelier dans les anciens locaux de la poste du quartier des Minimes à Toulouse, où l’entreprise souhaite recycler près de 150 tonnes de déchets issus des chantiers locaux.

Créée en 2023 par François Devin, la start-up intervient sur toutes les étapes, « du conseil et études en réemploi à la préparation de chantiers en amont, en passant par le reconditionnement et la valorisation de certains matériaux en trouvant des chantiers récepteurs », explique son fondateur.

Pour suivre les différentes étapes de vie des matériaux, la start-up a mis au point un système innovant intégrant un QR code et un logiciel de suivi développé en collaboration avec la pépite Made in Tracker, basée à Plaisance-du-Touch. « Ce dispositif permet d’assurer leur traçabilité en la rendant infalsifiable. Nous l’expérimentons avec l’éco-organisme parisien Valobat sur le chantier de déconstruction du hall 9 de l’ancien parc des expositions sur l’île du Ramier à Toulouse, mené par le syndicat mixte Decoset », détaille François Devin.

Le chef d’entreprise compte enfin sur le partage de ressources des acteurs du réemploi dans le BTP pour accélérer le déploiement de la filière. « Il est nécessaire de créer des synergies à l’instar de Re-Tolosa, plateforme portée par une coalition d’acteurs engagés, qui vise à massifier le réemploi de produits et de matériaux dans la région toulousaine et plus largement en Occitanie », conclut-il.

L’action de la collectivité : l’incubateur Nubbo fête ses 25 ans

Le succès ne se dément pas pour l’incubateur régional Nubbo. En 25 ans d’existence, la structure a accompagné 398 projets innovants dans les secteurs de la biotech, du numérique/IA, de l’ingénierie, de la chimie et des greentechs. Ce suivi a donné naissance à 346 entreprises avec une pérennité de 83 %, et a généré 3 700 emplois. Plus encore, ses actions ont permis de lever 1,55 Md€.

Guillaume Costecalde, président de Nubbo depuis 2018 (et ancien bénéficiaire de l’accompagnement) aux côtés de Anne-Laure Charbonnier, directrice depuis 2012. (©Gazette du Midi)

Installé au cœur de La Cité, dans le quartier de Montaudran, l’ex-Incubateur Midi-Pyrénées a tenu début mars 2025 une conférence de presse pour fêter ce quart de siècle, et faire le bilan de son activité auprès des porteurs de projets occitans. Depuis sa création dans les années 2000, la structure présidée par Guillaume Costecalde et dirigée par Anne-Laure Charbonnier, a investi 11 M€ dans des entreprises locales via un système d’avances remboursables pouvant aller jusqu’à 100 K€ sans prise de participation au capital et sans intérêts.

Le 6 octobre dernier, Nubbo a annoncé le lancement d’une promotion de douze nouvelles start-ups qui seront incubées jusqu’en 2027. Elles devraient profiter d’un accompagnement complet du démarrage commercial de leur activité, jusqu’à la structuration financière du business modèle. Elles peuvent également obtenir une avance remboursable allant jusqu’à 50 000 €.

Ambitieux, l’incubateur vise une montée en puissance d’ici à 2028. « L’objectif étant toujours de sélectionner des entreprises qui ont le plus de chance de passer de l’état instable de start-up à PME », indique Anne-Laure Charbonnier qui a annoncé un budget annuel à la hausse de 1,75 M€, contre 1,5 M€ en 2024.

Autre cheval de bataille sur le long terme, la sous-représentation des femmes parmi les porteurs de projets avec seulement 13 % d’entrepreneuses accompagnées depuis 25 ans. Anne-Laure Charbonnier s’est dite « consternée » par ce pourcentage. Pour inverser la tendance, Nubbo collabore avec la SATT Toulouse Tech Transfer et l’Université de Toulouse pour la mise en place d’un programme spécifique avec le réseau Les Premières d’Occitanie sur le sujet des femmes entrepreneurs. Sa mission ? « Leur expliquer qu’il faut oser y croire, oser essayer d’y penser. Même pour celles qui ont bac +8 et 10 ou 15 ans de direction de laboratoire de recherche. Parce que concrètement, nous en sommes encore là », a martelé la directrice de l’incubateur.