SpaceFounders : l’accélérateur européen plébiscite les start-up occitanes
Spatial. À l’occasion du Salon du Bourget, le CNES vient de dévoiler les noms des start-up et entreprises qui composent la sixième cohorte du SpaceFounders, l’accélérateur européen dédié au secteur du spatial. Depuis sa création en 2021, 70 entreprises françaises et étrangères ont bénéficié de cet accompagnement. Objectif ? Faire émerger les champions de demain dans un domaine d’activité de plus en plus concurrentiel.

Installé jusqu’au 22 juin sur le site mythique de l’aéroport du Bourget, le Salon international de l’aéronautique et de l’espace a toujours accordé une place stratégique au spatial. La 55e édition va plus loin. Dans un contexte de transformation du secteur et de concurrence accrue, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), organisateur du Bourget, a en effet décidé de franchir une nouvelle étape avec le lancement en 2025 du Paris Space Hub, un hall entièrement dédié à l’écosystème spatial.
C’est dans ce nouveau cadre, à la fois espace de démonstration et lieu de réflexion et de networking, que le Centre national d’études spatiales (CNES) a dévoilé, le 16 juin, les 15 nouveaux lauréats de la sixième session de son programme d’accompagnement SpaceFounders.
Lancé en 2021, cet accélérateur européen ambitionne de faire des start-up du secteur du spatial les leaders industriels de demain. Fondé à l’initiative du CNES, de l’Université fédérale des forces armées allemandes (UniBW) et de l’Agence spatiale italienne (ASI), il est ouvert aux entreprises européennes y compris celles basées au Royaume- Uni et en Suisse.
Soutenu financièrement par l’Agence spatiale européenne, l’Agence spatiale allemande et le Conseil européen de l’innovation (CEI) ainsi que par un consortium comprenant Thales Alenia Space, Airbus Defence & Space, Beyond Gravity, Safran et ArianeGroup qui vient tout juste de rejoindre Space Founders, l’accélérateur propose un mentorat personnalisé, un accès privilégié aux investisseurs deeptech, des conférences thématiques ainsi que des ateliers pratiques.
Quatre Français parmi les lauréats
Sur les 15 lauréats de la sixième promotion de SpaceFounders, on compte quatre pépites tricolores, quatre italiennes, deux allemandes, une polonaise, une britannique, une danoise, une espagnole et une luxembourgeoise.
Parmi les quatre start-up françaises figure TiHive. Fondée en 2017 et basée à Grenoble, la société qui emploie une vingtaine de collaborateurs, utilise l’intelligence artificielle et des caméras térahertz, capables de pénétrer de nombreux matériaux, pour contrôler la qualité des produits, détecter les défauts ou les contaminants directement en cours de production et non plus seulement en bout de chaîne.
Les trois autres entreprises hexagonales sont occitanes. La plus ancienne est Ingenuity i/O, fondée en 2012, spécialisée dans les interfaces homme-machine. L’entreprise conçoit des environnements de travail interactifs et évolutifs pour les secteurs d’activité des transports, de l’énergie, de l’aéronautique, de la santé ou encore de la défense grâce à des simulations de jumeaux numériques. Elle a pour clients de grands groupes tels qu’Airbus, Actia, Enedis, la RATP ou bien Naval Group.
Créée au Canada en 2019 et installée à Toulouse depuis 2021, Connektica a, elle, développé une plateforme d’assemblage et de tests tout-en-un pour les entreprises du secteur spatial, aérospatial et de la défense. Sa plateforme cloud vise notamment à rationaliser l’assemblage, les essais et la conformité réglementaire des satellites. L’entreprise, qui emploie 20 salariés, a levé 3 M€ en avril dernier pour accélérer le déploiement de sa plateforme SaaS. Elle espère séduire une centaine de clients d’ici 2028 et dégager 3 M€ de revenus à échéance.
La pépite montpelliéraine Wheere rejoint également le programme SpaceFounders. La jeune pousse fondée en 2020 a développé une solution révolutionnaire de géolocalisation indoor et outdoor reposant sur l’émission d’ondes basse fréquence et l’utilisation d’un algorithme propriétaire qui permet de géolocaliser les objets et personnes avec une précision submétrique. La jeune pousse, qui a déjà séduit de grands compte comme EDF et TotalEnergies, a levé 11 M€ juillet dernier pour accélérer son déploiement commercial.
100 M€ levés par les entreprises françaises
Depuis sa création, SpaceFounders a accompagné 70 entreprises parmi lesquelles 28 françaises. Ces jeunes pousses à haut potentiel ont levé au total quelque 297 M€, dont plus d’un tiers (100 M€) pour les start-up tricolores. Ces derniers mois, les sociétés françaises ayant suivi le programme se sont particulièrement distinguées, et notamment les pépites occitanes.
C’est le cas de WaltR, qui a suivi le programme en 2022. La jeune pousse toulousaine exploite, grâce à l’intelligence artificielle, les images provenant de satellites pour cartographier les émissions polluantes gazeuses et particulaires au cœur des villes, des sites industriels et des infrastructures aéroportuaires ou portuaires. Elle a levé 2 M€ en mars 2024.
Le toulousain Infinite Orbits, spécialiste des services en orbite, qui a participé à la première session de SpaceFounders, a bouclé au mois de mai de l’an dernier un tour de table de 12 M€ en vue d’accélérer le développement de son projet principal Endurance, un satellite de prolongation de la vie pour les actifs spatiaux.
En juin 2024, vorteX-io, spécialisée dans les solutions de surveillance hydrologique à grande échelle, a levé, de son côté, 2,9 M€ pour accélerer le déploiement en Europe de son réseau de micro-stations connectées. La start-up avait également fait partie de la première promotion de l’accélérateur.
Au cours du premier semestre 2025, d’autres pépites régionales ont fait la une de l’actualité. C’est encore le cas de Pangea Aerospace, qui a participé elle aussi à la session inaugurale de SpaceFounders. Installée à Toulouse et Barcelone, la société est spécialisée dans les systèmes de propulsion de fusée plus économiques et plus écologiques. Elle a levé 23 M€ en mars 2025.
Plus récemment encore la start-up Look Up, membre du programme en 2023, a elle aussi fait parler d’elle. Spécialiste de la sécurité des activités orbitales et des infrastructures spatiales, la société toulousaine, créée en 2022, a annoncé le 11 juin avoir bouclé un tour de table de 50 M€ pour poursuivre le déploiement de son réseau mondial de radars.